La Rumba Flamenca
26 avril, 2023
© Photo Eva Blanch – www.evablanch.com / Sur la photo : Petitet, le roi de la rumba barcelonaise.
L’histoire de la rumba flamenca
La rumba flamenca (également appelée rumba gitane) naît au XVIIIe siècle lorsque les gitans d’Andalousie commencent à fusionner le flamenco avec la guaracha cubaine. Les échanges entre les ports espagnols de Cadix et Séville et celui de La Havane étaient alors très importants. Commerçants, ouvriers et artistes en tout genre voyageaient à cette époque fréquemment d’un continent à l’autre. Ces échanges au départ purement commerciaux ont peu à peu donné lieu à des interactivités culturelles, mêlant ainsi les rythmes, les chansons, et les danses de l’île caribéenne à ceux du Sud de la péninsule ibérique.
Autrefois considérée par les puristes comme frivole et commerciale, la musique cubaine (en particulier la guaracha, le fils ou encore la rumba guaguancó) se fait petit à petit une place au sein de la culture du flamenco, jusqu’à constituer un style à part entière de son répertoire au début du XXe siècle.
De prestigieux artistes commencent alors à inclure des rumbas flamencas dans leurs enregistrements, à l’instar de La Niña de los Peines à partir de 1918. La rumba flamenca devient à cette époque un style populaire dans les célèbres cafés chantants. Elle donnera ensuite notamment naissance à la rumba catalana à partir des années 1950 à Barcelone, avec une certaine influence du rock & roll et de sonorités portoricaines.
Le style de la rumba flamenca
C’est un palo flamenco dynamique, convivial et festif qui peut être accompagné de voix féminines ou masculines, avec une rythmique plutôt simple et répétitive. Elle appartient à la catégorie des cantes de Ida y Vuelta (chants avec des allers-retours).
Les instruments principalement utilisés sont la guitare flamenca, les castagnettes, le cajón (une caisse de percussion) mais aussi les palmas (applaudissements rythmés), à l’instar du flamenco.
L’une des caractéristiques de la rumba flamenca est son rythme saccadé de guitare qui accompagne le chant, inspiré de la musique cubaine.
Les danseurs de rumba flamenca usent de leurs épaules, de leurs hanches et de leur bassin pour transmettre sa sensualité. C’est l’un des styles de flamenco qui laisse le plus de place à l’improvisation, offrant aux danseurs la possibilité de se laisser emporter par son rythme et sa mélodie. C’est un palo qui rappelle la joie et l’énergie des bulerías. C’est sans doute pour toutes ces raisons que la rumba flamenca se danse aujourd’hui dans les discothèques et les fêtes.
La rumba catalane
Dérivé de la rumba flamenca, la rumba catalane voit le jour dans les années 1950 sous l’impulsion de la communauté gitane de Barcelone, notamment dans le quartier populaire du Raval, à Gracia et Hostafrancs. C’est un mélange de rumba flamenca, du son cubain et du mambo, avec des influences rock & roll. Les groupes de rumba flamenca incluent généralement du chant, des palmadas (applaudissements), de la guitare, de la percussion (avec un cajón) mais aussi parfois du piano, de la basse et des claviers.
Les artistes emblématiques de la rumba flamenca
Né à Mataró en 1935, Peret a popularisé la rumba catalane à partir de la fin des années 1960, avec des chansons comme « Una lágrima » et « Borriquito ». Il emmène sa rumba dans certains des tablaos madrilènes les plus prestigieux de l’époque, comme El Duende et El Corral de la Morería.
Vous connaissez forcément les Gipsy Kings, qui ont popularisé la rumba flamenca (et sont parfois également associés à la rumba catalane) dans les années 1980 avec plusieurs tubes tels que “Djobi Djoba” et “Bamboleo”. De célèbres guitaristes flamenco tels que Paco de Lucía ou Paco Peña ont aussi eu leur propre groupe de rumba flamenca.
Parmi les ambassadeurs du genre les plus populaires, on peut également citer Los Chunguitos (et leurs classiques “Dame veneno” ou “Me quedo contigo”), Rosario Flores (une icône de la rumba flamenca), Azúcar Moreno (qui ont représenté l’Espagne lors de l’Eurovision), Los Chichos, El Fary, Las Grecas ou encore Los del Río, qui ont fait danser des millions de gens à travers le monde au milieu des années 1990 avec leur tube inoubliable “La Macarena”.